Le principe de coassurance et de réassurance
Le principe de fonctionnement des assurances est assez simple à comprendre. Les sociétés d’assurances prélèvent des cotisations auprès de leurs assurés pour pouvoir leur rembourser d’éventuels dégâts futurs qui pourraient les toucher.
Un système bien en place
Le système est bien rôdé et bien souvent les assureurs calculent au mieux le montant de votre prime d’assurance en fonction de ce que vous voulez assurer. Par exemple, si vous assurez votre voiture tous risques, vous devrez vous acquitter d’une prime d’assurance. En cas de vol de votre véhicule l’assurance vous remboursera. C’est le principe de l’assurance et jusque là il n’y a aucun problème. En effet, les assureurs ont toujours de l’argent de coté pour parer à ce genre d’événement. La somme du remboursement de votre voiture représente une goutte d’eau dans la masse colossale d’argent dont dispose une compagnie d’assurance.
Certains penseront alors, si les assurances ont tant d’argent en réserve pourquoi le remboursement est souvent délicat et peut parfois devenir compliqué… A ceux là, je répondrais que l’assurance, plus que toute entreprise, encaisse plus facilement de l’argent qu’elle n’en dépense. Quand une assurance doit rembourser un assuré, elle doit être certaine de ne pas faire d’erreur et c’est pourquoi elle est si regardante. A chaque remboursement c’est un peu moins de bénéfice dans les caisses alors pas question de rembourser à la « va vite ». Pourtant les assurances ont de quoi vous rembourser puisqu’elles calculent le montant de votre cotisation avec précision et prévoient au mieux les risques.
Cependant quand il est question de rembourser des grosses sommes d’argent suite à une catastrophe naturelle comment s’y prend l’assurance pour vous rembourser ? Les catastrophes naturelles sont imprévisibles et les montants à rembourser peuvent être colossaux au point qu’on puisse craindre qu’une catastrophe peut mettre en faillite une assurance.
Un procédé efficace : le principe de coassurance
Ce premier procédé est peu connu du grand public tout simplement car il est interne aux assurances. En fait, quand un assuré vient s’assurer il est possible que votre assureur fasse appel à d’autres assureurs. Bien souvent, les assureurs vont utiliser la coassurance quand le risque est élevé et que le montant des biens à garantir est lui aussi important.
Par exemple, si un entrepreneur vient faire assurer son usine d’explosifs ou de produits dangereux, le risque pour l’assurance est élevé. Si cette usine est importante avec de nombreuses machines industrielles, le coût de remboursement sera conséquent. L’assureur trouvera alors un arrangement avec le patron et calculera une prime d’assurance en fonction du risque. L’assuré ne traite donc qu’avec une seule compagnie d’assurance et son contrat le stipule bien. Pour autant, notre assureur va trouver le risque assez important dans ce cas précis et il va alors faire appel à d’autres compagnies d’assurance pour partager le risque.
Nous étions nombreux à croire que les compagnies d’assurances étaient toutes en concurrence et se livraient une lutte sans merci pour obtenir le plus de contrats. Il faut croire que dans le monde de l’assurance tout n’est pas aussi cruel qu’on veut bien nous le faire croire. On peut même penser que le monde de l’assurance possède deux faces : la face visible, et la face cachée. Du coté visible, on voit les assurances comme une entreprise classique qui est donc en concurrence avec ses concurrents. De l’autre coté, la face cachée de l’assurance : tous les assureurs « main dans la main » en train de se partager ou de se refiler des contrats d’assurances dans le dos des assurés.
Même si le principe de coassurance semble à la limite de l’escroquerie car l’assuré n’est jamais au courant, il n’en demeure pas moins un moyen efficace pour que les assureurs puissent garantir tout le monde en cas de gros sinistres ou pour garantir tous les biens dans des situations à risques. Après tout, quand vous achetez un jean délavé au supermarché, personne ne vous dit que des employés des pays en voie de développement s’usent la santé pour que vous puissiez faire sensation en boite de nuit avec votre jean à la mode. Alors pourquoi votre assureur devrait vous dire qu’il va partager le risque de votre contrat d’assurance avec des pseudos concurrents. Ce qui compte c’est que vous soyez assuré, le reste ne sont que des détails… Moins vous en savez et moins vous posez de questions ainsi tout le monde gagne du temps. Pour les plus curieux continuez la lecture de cet article…
Comment fonctionne la coassurance ?
Le principe n’est pas vraiment compliqué. Il y a coassurance quand un assureur s’associe avec d’autres assureurs pour assurer ensemble un risque. Vous vous rendez chez votre assureur « Monsieur X ». Vous souhaitez assurer votre fameuse usine explosive. Le risque est élevé et Monsieur X calcule une prime d’assurance en conséquence. Le contrat est signé et désormais vous savez que vous allez pouvoir compter sur monsieur X en cas de dégâts dans votre usine.
Monsieur X lui va alors faire appel à deux autres compagnies d’assurances pour garantir votre risque. Il contacte alors deux assureurs « monsieur Y » et « monsieur Z ». Après étude du dossier messieurs X, Y, et Z conviennent de se partager la prime d’assurance et aussi de garantir le risque ensemble. Monsieur X encaisse 50 pour cent de la prime et redistribue 25 pour cent à monsieur Y et encore 25 pour cent à monsieur Z.
En cas de sinistre, si l’usine d’explosive est détruite suite à un accident, Monsieur X devra alors rembourser 50 pour cent des dégâts et messieurs Y et Z également 50 pour cent (25% + 25%). La coassurance n’est pas nouvelle et elle a fait ses preuves notamment pour ce qui est d’assurer les risques « moyennement importants » qui, à l’échelle humaine classique, représentent déjà des sommes d’argent assez conséquentes. Pour autant, la coassurance n’est pas le seul « secret de polichinelle » de l’assurance et quand il est question de plus gros risques ou de catastrophes, l’assurance sort la réassurance de sa botte secrète.
Le principe de la réassurance
La réassurance est un concept assez amusant car cela consiste pour une compagnie d’assurance à s’assurer. L’assurance semble tellement indispensable que même les compagnies d’assurance ont besoin de s’assurer. En règle générale, il faut dire que les valeurs en matière d’argent dans les sociétés modernes, ont « explosé » et désormais un assureur peut se retrouver à assurer une société pour des montants exhorbitants. La réassurance permet donc aux assurances de pouvoir assurer un risque pour des montants extrêmes.
Comment fonctionne la réassurance ?
L’assureur entre en relation avec un réassureur pour transférer une partie du risque qu’il a contracté avec un client. Dans ce cas, c’est l’assureur qui doit reverser une prime d’assurance au réassureur. Cette prime sera elle aussi calculée en fonction du risque. L’assureur devient alors comme nous un client banal qui doit s’assurer pour garantir un risque qu’il pense ne pas pouvoir couvrir seul. Le traitement est le même et votre assureur qui est en affaire avec un réassureur devra procéder de la même manière que lorsque que vous souscrivez un contrat d’assurance.
Votre assureur achète une garantie au réassureur et lui reverse donc une prime pour lui transférer une partie du risque. Ainsi, si le risque pour lequel votre assureur vous assure se réalise, il ne devra pas payer en totalité le montant des remboursements. Comme tout assuré, en cas de sinistre votre assureur va déposer une requête auprès du réassureur pour se faire rembourser une partie des dégâts. Ainsi le réassureur dédommagera l’assureur qui à son tour vous remboursera avec d’une part ses propres fonds et d’autre part l’argent du réassureur. Il faut savoir qu’il existe plusieurs formes de réassurance histoire de compliquer un peu plus les choses.
Les différents formes de réassurances
- La réassurance proportionnelle : C’est une forme d’assurance propre aux assurances et dont le particulier ne bénéficie jamais. En effet, dans le cas de la réassurance proportionnelle, l’assureur et le réassureur peuvent être considérés comme des partenaires. C’est-à-dire qu’en cas de profit les deux parties se partageront les bénéfices alors qu’en cas de pertes ils devront mettre tous les deux la main à la poche.
- La réassurance non proportionnelle : Il s’agit pour un assureur de fixer un montant au-delà duquel il ne remboursera pas un sinistre et fera alors appel au réassureur. C’est une sorte de franchise dont la prime varie en fonction du risque et du montant de la franchise. Par exemple, un assureur vous garantit votre plate forme pétrolière pour un million d’euros. Au delà de cette somme il convient avec le réassureur que c’est ce dernier qui doit prendre le montant du sinistre. Par exemple, si une grosse vague détruit la plate forme pétrolière et que les dégâts sont estimés à 10 millions d’euros. Votre assureur devra débourser 1 million d’euro alors que le réassureur lui déboursera 9 millions d’euros. En cas d’incendie partiel de cette plate forme pétrolière si les dégâts sont estimés à 100 000 euros le réassureur n’aura rien à débourser alors que l’assureur réglera l’intégralité du sinistre.
De la réassurance vers un système d’entraide internationale
Le système de la réassurance semble prendre le dessus sur la coassurance tout simplement car la taille des risques augmentent et que la réassurance permet aux assurances de remplir leur rôle premier : Assurer le risque aussi gros et coûteux soit-il. Il semble donc qu’il soit préférable pour une assurance de faire appel à la réassurance plutôt que de s’associer avec un concurrent dans la cadre de la coassurance.
Maintenant que la coassurance ou la réassurance n’ont pratiquement plus de secret pour vous, vous allez pouvoir comprendre ce qui se passe lors d’une catastrophe naturelle à dimension internationale. Les catastrophes naturelles sont imprévisibles et peuvent laisser une nation entière dans une situation à la limite du chaos. Après tout, chacun ses problèmes et si un ouragan détruit une ville aux Etats-Unis, est-ce vraiment le problème de la France ? Certains penseront que c’est aux Etats-Unis de régler les dégâts alors que d’autres penseront à la solidarité internationale. Mais en réalité on se soucie peu de ce que vous pensez car de toute façon sans le savoir vous payez pour les catastrophes internationales.
Du fait, de la mondialisation ou de la globalisation qui s’accentue chaque jour un peu plus, La plupart des sociétés d’assurance sont réassurées. Quand un sinistre se produit dans un pays même lointain, il y a des centaines de sociétés et aussi donc des sociétés de réassurance qui sont impliquées et doivent être mises à contribution pour rembourser les dégâts. Les primes de ces sociétés de réassurance proviennent de différentes sociétés d’assurance sans distinction de nationalité. C’est pourquoi on peut affirmer que lorsqu’un tremblement de terre se produit au Japon, le gouvernement japonais ne devra pas rembourser seul les dégâts avec seulement les assureurs japonais. Ce sont aussi les contributions des assurés du monde entier qui serviront à rembourser une partie du sinistre.
Votre assureur vous parle rarement de la réassurance et du système international de solidarité qu’il engendre. C’est déjà assez compliqué de bien comprendre le fonctionnement de l’assurance à notre petite échelle mais il est bon de savoir qu’en nous assurant nous participons à une entraide internationale qu’on le veuille ou non.
A noter que la solidarité internationale générée par la réassurance ne s’applique pas vraiment à toutes les nations du monde. Cela n’est valable que pour les pays développés où l’assurance est répandue. Ainsi pour Haïti, qui a été victime d’un violent tremblement de terre en 2010, il ne faudra pas compter sur la réassurance pour venir en aide aux sinistrés car l’assurance est trop peu développée dans ce pays. Dans ce cas, il faudra plus compter sur la bonne générosité des donateurs.
Conclusion :
Coassurance ou réassurance, dans les deux cas il est question de solidarité. La coassurance est plus un partenariat entre des compagnies d’assurance. Dans le cadre de la réassurance il s’agit clairement de solidarité. Une solidarité internationale mise en place par les assurances sur le dos des assurés.
Le concept est sympathique mais on aimerait bien que les assureurs nous fasse plus souvent part du système de réassurance. Éventuellement, si le fonctionnement de la réassurance pouvait être financé un peu moins par les assurés et un peu plus par les assureurs, la solidarité prendrait tout son sens!
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quel est la fonction d’un apériteur ?
Mot qui vient du verbe latin « aperire » qui signifie ouvrir. Dans la pratique des assurances, lorsque les risques à couvrir sont jugés trop importants pour être supportés par une seule entreprise d’assurances, la société d’assurances pressentie par l’assuré, convient avec d’autres sociétés d’assurances de partager les profits et les risques mais, sans solidarité entre elles. L’assureur qui prend la tête du groupe, qui est généralement celui qui a négocié le contrat avec l’assuré, prend le nom d’ « apériteur ». On dit ou on écrit : « l’assureur apériteur » ou au féminin, « la Compagnie apéritrice ».
Lorsqu’un banquier prend l’initiative de réunir un syndicat de banques ou d’organismes financiers pour réaliser une opération financière importante dont il ne souhaite pas assurer seul les risques ou parce qu’il ne dispose pas de la totalité des fonds nécessaires à l’exécution de l’opération, on désigne cet établissement comme étant l' »apériteur » ou encore « l’arrangeur ».
Textes :
# Code des assurances art. L121-4, L172-30.
Les informations sur la coassurance sont erronées.
Dans un contrat en coassurance, tous les coassureurs sont désignés au contrat. Le contrat informe également sur la quote-part de chaque coassureur et désigne l’apériteur.
Toujours de très bons conseils sur ce site. Merci pour ces infos très professionnelles