L’assurance santé française partagée entre l’Etat et les assureurs

L’assurance santé française partagée entre l’Etat et les assureurs

Le système de santé français est unique au monde car il est partagé entre l’Etat et les assureurs privés. L’Etat s’occupe de l’assurance santé obligatoire et les assureurs proposent une complémentaire santé pour prendre en charge ce que l’Etat ne rembourse pas. Cette double prise en charge garantit au citoyen français un taux de remboursement approchant les 100 pour cent pour les différents frais de santé. Que le remboursement se fasse par une prestation en nature ou en espèce, le contribuable et l’assuré français ne sort presque rien de sa poche en cas de maladie.

L’action conjointe de l’Etat et des assureurs privés en assurance santé

Il est clair que l’assurance santé est très particulière en France pour la simple et bonne raison que deux entités garantissent le fonctionnement de notre système de santé. D’un coté, il y a l’Etat qui a la charge du régime obligatoire de base et de l’autre, les assureurs qui interviennent en complément en proposant la fameuse complémentaire santé. Cela ne veut pas dire que tout le monde bénéficie d’une prise en charge totale et encore moins que cela soit gratuit. Le citoyen français paye des impôts qui seront utilisés en partie pour financer le régime obligatoire de l’assurance santé. Pour bénéficier d’une complémentaire santé il faut aussi verser une cotisation et les français n’ont pas tous les moyens d’en souscrire une. Les plus défavorisés pourront bénéficier de la CMU (couverture maladie universelle), mais il faut reconnaître qu’une partie de la population ne peut pas avoir accès à la complémentaire santé. Les personnes qui ne peuvent pas prétendre à bénéficier de la CMU et qui n’ont pas assez de revenus pour souscrire une assurance complémentaire de santé devront alors se contenter du régime obligatoire de santé, autrement dit de la sécurité sociale.

Cependant, la plupart des français bénéficient d’une complémentaire santé, on estime que 90 pour cent de la population possède une complémentaire santé. Ce chiffre reste très important mais il ne doit pas nous faire oublier que 10 pour cent de la population française ne peut se permettre de souscrire une complémentaire santé et doit donc se contenter uniquement de la sécurité sociale. La complémentaire santé est facultative mais les 10 pour cent de français qui n’ont pas de complémentaire santé, ne le font pas par choix. C’est avant tout pour des raisons financières. C’est un moyen de faire des économies qui peur s’avérer risqué dans le cas d’une importante opération chirurgicale par exemple.

Pour ce qui est de l’assurance santé proposée par l’Etat, elle se fait sous forme de prélèvement obligatoire et donc quelque part, elle nous est imposée. Il est clair que l’Etat ne cherche pas à faire du profit dans le domaine. Le coût pour les finances publiques est colossal, c’est avant tout le bien être et la sécurité de la population que l’Etat cherche à préserver. Mais le principe de financement obligatoire fait débat et devant l’augmentation des dépenses de santé, il semble qu’une réforme de l’assurance santé soit nécessaire.

La nécessaire restructuration de l’assurance santé

Une restructuration de l’assurance santé semble désormais inévitable pour une raison principale. Les dépenses et donc le fameux «trou de la sécurité sociale» ne cessent de s’accroitre. Les différents gouvernements se suivent et proposent des réformes pour changer le système actuel de la santé. Comme les gouvernements, les réformes se succèdent mais le déficit public de la sécurité sociale ne diminue pas, bien au contraire.

Le système de santé français est pointé du doigt mais reste toujours en place. L’assureur privé se doit de faire avec la législation et prend de plus en plus à sa charge les mauvais risques. L’Etat se décharge d’un poids qui est en train de le couler mais les assureurs ne veulent pas couler non plus.

Lors de la réforme de 2004 de la sécurité sociale, l’Etat français a tenté une restructuration pour essayer de résorber le déficit. Toujours aussi protecteur, l’Etat cherche aussi à ne pas exclure une partie de la population à l’accès aux soins. Une bien belle tentative qui, aujourd’hui en 2010, est encore d’actualité. On attend toujours la réforme du régime obligatoire de la santé. Il faut une véritable réforme en profondeur pour une réelle efficacité. Jusqu’à aujourd’hui, les réformes successives se sont révélées n’être que des « mesurettes » insuffisantes pour pouvoir redresser la situation.

Il faut aussi changer le comportement des français en matière d’assurance maladie et cela sera sans doute le plus difficile. Quand un assuré décide de prendre une assurance complémentaire il regarde attentivement ce qu’on lui propose. En fonction de ses besoins il va choisir différentes garanties. L’assurance santé est en quelque sorte le supermarché de l’assurance. On ne peut pas en vouloir au consommateur qui fait uniquement preuve de rationalité. De plus, le particulier connait mieux ses besoins en termes de santé que son assureur. Il sait quel genre de soins il utilise le plus souvent et donc les garanties qu’il doit souscrire et celles qui lui sont inutiles. Du coup, il y a moins de place au hasard et c’est l’assureur qui se retrouve avec des assurés tellement « professionnels » et informés que le risque n’est plus véritablement partagé équitablement entre l’assureur et l’assuré. Le risque, dans le cadre d’une assurance complémentaire santé, répond de moins en moins aux critères d’assurabilités. L’assureur est alors obligé de monter le prix des cotisations et donc la complémentaire santé devient de moins en moins accessible aux revenus les plus modestes.

L’assurance santé se privatise

Il faut relativiser le triste sort réservé aux assurances en matière de santé. En effet même si cela ne semble pas toujours facile de s’y retrouver d’un point de vue de profit, certains éléments sont plus que positifs.

Tout d’abord rappelons que les français sont 90 pour cent à posséder une complémentaire santé. 90 pour cent des français ont donc affaire à leur assureur pour se faire rembourser des soins médicaux. Les français vont souvent voir le médecin et au final la plupart des assurés bénéficient de plusieurs remboursements annuels. C’est une formidable occasion pour l’assureur de prouver la qualité de ses services et son professionnalisme. A défaut de faire fortune dans une complémentaire santé, L’assureur pourra fidéliser une clientèle séduite, par exemple, par la rapidité des remboursements des soins médicaux. Une fois que la clientèle est fidélisée il sera plus facile de la convaincre de prendre une assurance vieprévoyance, habitation, automobile etc.

De plus, l’Etat se décharge de plus en plus en matière de santé pour essayer de diminuer le déficit de la sécurité sociale. C’est finalement une bonne chose pour les assureurs qui voient leur marge de manoeuvre s’élargir. L’Etat se contente de rembourser de plus en plus le strict nécessaire et le reste est à la charge du contribuable. Sans assurance complémentaire de santé, il faudra mettre la main à la poche pour les lunettes, le dentiste. Il faudra se contenter d’une indemnité journalière minimum suite à un accident du travail. Du coup, les assureurs peuvent proposer des nouveaux contrats avec des nouvelles garanties. C’est aussi ce qui explique le succès des contrats d’assurance dépendance ou accident de la vie. Notre assureur qui avait du mal à faire du profit avec l’assurance santé peut enfin voir l’avenir en rose.

Conclusion

L’assurance santé reste une particularité en France. Le principe de base qui rend une partie de cette assurance obligatoire et une autre facultative est contradictoire. C’est de cette contradiction que naît l’illisibilité grandissante de l’assurance santé. L’augmentation de l’offre des assureurs privés ne va pas aider les français à y voir plus clair. Il faudrait exprimer clairement la place et le rôle de chacun entre Etat, assurance et assuré. Notre système de santé à besoin d’une restructuration urgente pour permettre de survivre et de continuer à garantir l’accès des soins médicaux à tous les français.

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